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Supervisions réflexives

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Groupe de parole

Le groupe de parole est souvent thématique, c’est-à-dire que les personnes se réunissent non pas autour d’un métier mais autour d’un thème fédérateur, liée au public visé, une maladie, un handicap, un événement vécu dans le collectif,… ou un thème plus ou moins large ou plus ou moins d’actualité (les femmes et la création d’entreprise, le décès d’un.e collègue, le suicide d’un patient, une agression dans un service,…). Le thème a vocation à réunir des personnes concernées et à travers les résonnances des vécus et les ressources qu’offrent les interactions, offre la possibilité de sortir d’un isolement intérieur et de récréer (éventuellement) un lien avec l’humanité à partir de ce que je vis quotidiennement.

La modalité de travail pour l’animateur est la circulation de la parole dans le groupe, avec un aspect facilitation et régulation de la parole à partir du thème. Il s’agit d’un mouvement fluide où la parole va permettre de mettre des mots sur un vécu dans lequel une certaine partie du groupe pourra se reconnaître (résonnances). Il y a un effet important de création de lien à travers les expériences vécues et un effet de reprise de pouvoir à travers l’effet de mettre des mots sur un vécu intérieur souvent laissé dans le silence ou difficile à symboliser. Le groupe de parole n’a pas vocation d’apprentissage, bien que celui-ci puisse en être le vecteur, ni de créer du lien social (de nouveaux amis par ex.). Il remet la personne en lien avec sa part d'humanité : : «·il existe «·un Autre·» qui a du même et que je ne trouvais plus nulle part·».

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Il s'agit ici d'une tentative de distinguer des formes de travail à travers des appellations existantes qui peuvent recouvrir des réalités et modalités de travail parfois bien différentes. Ceci dans le but de clarifier la pertinence des dispositifs pour le commanditaire, pour les participants au groupe, pour l'animateur qui parfois ne sait plus se repérer.

Analyse des pratiques (APP)

L'analyse des pratiques professionnelles est une démarche de formation qui part de situations réelles et vécues par le professionnel, souvent problématiques ou qui font énigme, qui questionnent, qui laissent trace, et sont questionnées dans un collectif de pairs.·La problématique est individuelle et la modalité de travail est rythmée par des temps formels de travail.

La modalité spécifique qu’est l’APP consiste à consacrer un temps de travail sur une situation, portée par un professionnel. L’attention est tournée vers ce professionnel, dans sa situation, durant tout le temps d’Analyse des pratiques, contrairement au groupe de parole durant leque l’attention du groupe se porte sur successivement celui qui prend la parole, au fur et à mesure des résonnances qui émergent dans le groupe pour chacun. Le travail en APP est plus structuré qu’en groupe de parole. Il vise des apprentissages de métier à partir de situations de travail. Les démarches d’APP peuvent faire partie du champ de la formation professionnelle, à contrario des groupes de parole.

L’analyse des pratiques n’est pas un simple partage d’expériences, mais bien un temps pédagogique structuré qui permet de tirer une nouvelle intelligibilité d’une situation concrète de l’activité professionnelle. Cette recherche de sens et de solution est collective, et participe à la reconnaissance d’une identité professionnelle, souvent en mouvement lorsqu’elle est interrogée dans ses préoccupations quotidiennes.

L’APP intègre à la situation le professionnel, l'équipe, l’organisation et l’environnement institutionnel. L'APP se déroule toujours au sein d’un collectif de pairs et met en travail à la fois la personne qui amène la situation et les pairs. Il s'agit de développer la capacité réflexive des professionnels (se voir, se percevoir dans l’immédiateté la situation) et pas simplement un travail de réflexion sur une situation (réfléchir ensemble sur un cas).

Un groupe d’APP peut être constitué soit des pairs d’équipes différentes exerçant un même métier, soit des membres d’une même équipe, soit des membres d’une même équipe exerçant des métiers complémentaires dans le cas d’équipe pluridisciplinaire (voir tableau qualification du contexte de la demande d’intervention en APP). Dans ce dernier cas, les modalités de travail varient et s’approchent de la modalité d’animation type «·Accompagnement d’équipe·». L’appellation «·APP Équipe pluridisciplinaire·» n’existe pas et nous pouvons nous interroger sur l’absence de distinction alors que le principe de l’APP ne se retrouve que partiellement.

Accompagnement d’équipe (AE)

Sous ce vocable, nous réunissons les interventions qui recouvrent la régulation d’équipe, de gestion de conflits, de cohésion, d’accompagnement au développement de la compétence collective. S’y trouvent donc réunis différents corps de métier, y compris la secrétaire, les gardiens de nuit, le jardinier… L’Accompagnement d’équipe peut se dérouler en présence d’un niveau hiérarchique qui, souvent, délimite les contours de l’équipe (les subordonnés). Cependant, le travail collectif déborde souvent le périmètre de l’équipe instituée (place de la secrétaire par exemple ou entraides interservices informelles).

L’accompagnement d’équipe vise le développement des personnes et de l’équipe à travers sa dynamique groupale et sa capacité de distanciation/réflexivité. Le regroupement constitue un espace d’élaboration, et non de décision. Il permet d’apprendre ensemble à gérer les conflits à froid, à repérer et agir sur les signaux faibles de dysfonctionnement, à renégocier les attendus et les rôles de chacun, à partager un langage commun, à situer les contours de son activité en rapport aux autres activités, à mettre en mots les non-dits qui parasitent un collectif, à développer la compétence collective de l’équipe…

Le travail en accompagnement d’équipe a ceci de spécifique que l’équipe se tourne sur elle-même comme «·objet de travail·», alors qu’en APP, l’objet de travail est le professionnel ancré dans une situation spécifique d’accompagnement de son public. L’objet travaillé concerne l’équipe entière dans son fonctionnement. Il constitue le premier travail de la rencontre·: construire l’objet de travail. Ensuite la parole circulera dans le groupe, et l’animateur sera vigilant à repérer les zones de frottement dans l’équipe, et de les mettre en travail (régulation). L’accompagnement d’équipe n’utilise pas les modalités d’APP, car l’objet est commun à l’équipe et n’est plus affaire d’un des pairs.

L’animateur conduit le travail et il est seul à le faire. Il est la seule extériorité à l’équipe, excepté les nouveaux arrivants qui pourraient être une ressource pour quelques temps, dans le rapport d’étonnement qu’ils peuvent avoir eu égard aux pratiques et aux comportements de l’équipe.

Supervision

La modalité Supervision désigne plus spécifiquement les accompagnements où est interrogé plus fortement le rapport fin entre le(s) professionnel(s) engagé(s) dans l'activité et la personne accompagnée.

Ce travail regarde de près l'intime de la relation ou des relations en jeu dans l'accompagnement. A ce stade d'interrogation, le professionnel sait, se doute, s'interroge sur la part de lui-même impliquée dans la situation, parfois douloureuse. Les enjeux sont très intimes. Ils touchent de près la personne dans ce qu'elle est, pas seulement en tant que professionnel, mais en tant que personne, dans sa construction. La supervision, si elle met à jour ses enjeux, ne travaille pas sur l'histoire personnelle du professionnel (c'est l'espace de l'accompagnement psychothérapeutique), mais elle peut la révéler. La supervision rend en effet visible les entrelacements nuisibles à la relation (dont le transfert et le contre-transfert du champ psychanalytique) et cette conscientisation suffit à libérer l'espace professionnel. Il appartient ensuite au professionnel de vérifier la nécessité de travailler une partie de son histoire, personnellement.

La supervision existe en individuel, en groupe (groupe de supervision) mais ce vocable est également utilisé pour nommer d’autres regroupements·: le terme supervision s’est fortement déployé dans le domaine social avec la psychanalyse et peut par exemple englober un travail d’analyse des pratiques (appellation·: supervision en équipe) ou de régulation d’équipe (Appellation·: supervision d’équipe). (Psychosociologie).

Certaines fédérations professionnelles exigent un travail de supervision pour exercer, notamment les fédérations de psychothérapeutes, psychopraticiens, psychanalystes et psychologues. La supervision peut donc avoir un caractère obligatoire, malgré le côté intime des investigations. La supervision requière d’autant plus un cadre de confidentialité important, ce qui pose tout de même un frein fort pour qu’elle se pratique de manière opérante en équipe.

A noter que la supervision, dans cette perspective, désigne une «·profondeur de travail·» du lien d’accompagnement en mettant le focus sur ce dernier, plus que sur le contexte de la situation. Nous pouvons envisager Analyse des pratiques professionnelles et Supervision sur un continuum plutôt que comme une rupture nette entre deux modalités de travail. Le travail de la relation prend une place plus importante en supervision et la relation qu’entretient le superviseur avec les supervisés a donc une importance dans le travail engagé, elle sera donc plus centrale et plus révélatrice que dans un groupe d’APP.

La conduite de la supervision requiert un champ spécifique de compétences de la part de l’animateur qui demandent à être travaillées et supervisées que celles de l’animation de groupe d’APP ne recouvrent pas nécessairement.

L'analyse de situation

L’analyse de situation est un travail d’étude de cas qui regarde les situations indépendamment des professionnels. C'est la situation qui est considérée (la personne accompagnée, la famille, le groupe, …) et le professionnel est en dehors de la situation, un peu comme si le problème pourrait exister de la même façon quelque soit le professionnel. Ce type d'analyse se fait sans l'enjeux du rapport humain et s'appuie sur des concepts connus dans un champ connu (psychanalyse, psychiatrie, champ éducatif, formation, …). Il nécessite souvent la présence d’un expert ou de plusieurs experts (équipe pluridisciplinaire). Le psychologue ou le psychiatre peuvent être sollicités à ces places.

Cette manière de travailler est basée principalement sur la résolution s’appuyant sur un réfléchir ensemble (cognitif) à partir de connaissances déjà acquises (hypothèses et grilles conceptuelles). Le développement du professionnel à partir de ses propres ressources n'est pas exploré, et la singularité du lien du professionnel à la situation est réduite à une représentation de métier (voilà ce qu'il faut faire en tant qu'éducateur dans ce type de situation). Il peut se créer un rapport d'attente (voire de soumission) à l'expert, qui peut toutefois être nécessaire par moment. Cette modalité peut correspondre à la nécessité de connaître son public lorsque celui-ci ne répond pas à des types de relations connues. Elle peut aussi correspondre à un stade de développement de l'équipe, à des partis pris idéologiques. Elle peut présenter l'inconvénient d'amener un glissement en plaçant le problème en dehors de la relation que le professionnel ou l'équipe entretient avec la personne accompagnée ou la famille.

Echange de pratiques

Dans l’échange de pratique, la pratique n’est pas interrogée, le travail du professionnel n’est pas explicité. L’expression se fait à partir du représenté et considéré comme acquis. Le but est de transmettre une pratique (censée "·être bonne"). Cela pose questions en ce qui concerne·:

- l’adaptation de cette pratique à une autre situation,

- l’effet narcissique recherché de «·vouloir·» transmettre sa pratique,

- le vécu non conscientisé de cette pratique,

- l’idéalisation qui a pu en être faite par le professionnel·: il n’y a pas de plus-value pour celui qui la transmet car il n’y a pas de mise en évocation. Il s’agit principalement d’une parole énoncée et non énonciatrice. Ce qui renvoie aux compétences de l’animateur. Sait-il rendre une parole énonciatrice, sait-il mettre en évocation un professionnel au sein d’un groupe·?

Réunion d'équipe

La réunion d’équipe répond à des besoins techniques sur des dossiers, des prises de décision par rapport à une situation, des régulations de rôle dans l'équipe (si plusieurs rôles dans la prise en charge), la cohérence entre le projet d'établissement et les accompagnements, la mise en évidence de dysfonctionnement organisationnel ou la nécessité de penser l'organisation du travail autour d'un accompagnement spécifique. Il n'y a pas ou peu de visée de développement de compétences du professionnel, ce qui ne veut pas dire que le professionnel ne réalise pas d'apprentissages, mais ce n'est pas l'effet recherché.

L'action est basée sur la résolution, la décision, la cohérence, la stratégie éducative en rapport avec une institution, sa politique, ses valeurs.

Différentes modalités de travail en